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Photo du rédacteurJérôme Jaquier

Interview avec un praticien de yoga. J'ai intégré le pranayama avant l'asana.

Dernière mise à jour : 24 janv. 2023

J’y ai retrouvé l'énergie physique avec la respiration, la concentration et l’équilibre. Ce n’est pas juste une suite de mouvement.


L'objectif principal est d'avoir une meilleure compréhension de l'état de la pratique de yogis afin que nous puissions leur enseigner selon leur aptitude à l'avenir. Cela devrait également permettre aux praticiens de mieux se positionner dans la pratique du yoga.



Ce mantra de paix est tiré du Krishna Yajurveda Taittiriya Upanishad (2.2.2) : saha nau Bhunaktu (Puissions-nous être nourris dans notre pratique); saha vīryam karavāavahai (Puissions-nous travailler ensemble avec de bonnes énergies); tejasvi navadhītamastu (Puissions-nous étudier avec efficacité).


1. Quel est ton métier, quel âge as-tu, quels sont tes hobbies ?


Je suis ingénieur en environnement et j’ai 41 ans. Dans mon temps libre, je fais de la musique, en particulier du chant. Sinon j’aime être dehors, aller marcher en montagne, ou même une heure au bord du lac en revenant du travail. Je ne considère pas le yoga comme un hobby, ça fait plutôt partie de mon hygiène de vie.


2. Depuis combien d’années as-tu appris l’Ashtanga Vinyasa Yoga? Et pourquoi avoir choisi l’Ashtanga Vinyasa Yoga?


C’est ma quatrième année. En 2017, j’ai suivi le cours d’intro 1 et 2, puis j’ai continué avec le cours Mysore. J’ai beaucoup d’amis qui ont fait du Hatha Yoga, c’était très à la mode, tout le monde faisait du Hatha Yoga... Quand j’ai regardé sur Internet et que j’ai vu votre site Ashtanga Yoga Lausanne, j’ai vu qu’il y avait quelque chose de différent dans l’approche, la mise en avant et l’importance de la respiration, et la pratique libre Mysore. Les cours dirigés, c’est parfois difficile, par rapport à la respiration, alors que la pratique en style Mysore permet de suivre son propre rythme. J’ai discuté avec une amie qui pratiquait chez vous, elle m’a dit que c’était vraiment bien et constructif. L’option de commencer avec les cours d’intros et de faire les huit cours, c’était une bonne façon d’entrer dans la pratique et de savoir si ça correspondait à mes besoins. J’ai opté pour le yoga, parce que j’avais besoin d’une pratique physique, mais qui ne soit pas uniquement physique comme la course à pied. J’avais aussi besoin de quelque chose qui soit adapté aux accidents que j’ai eu dans le passé. Suite à une blessure, j’ai également pratiqué le Tai Chi, pratique interne basée sur la respiration et c’était vraiment extraordinaire pour continuer à être actif, et pour travailler autrement. Le yoga s’est inscrit naturellement dans cette continuité-là.


Par rapport à la pratique de yoga, qu’est-ce que tu peux nous dire, quelle différence a part que les deux s’inscrivent dans une recherche spirituelle ?


Ce que je retrouve, c’est le principe d’une pratique qui est ancrée, ouverte sur ce qui se passe à l’intérieur, où on travaille l’équilibre à la fois de la force et de la souplesse. J’avais commencé le Tai Chi avec la forme qui est la plus répandue en occident, puis j’ai rencontré un maître qui enseignait une pratique beaucoup plus martiale. J’y ai retrouvé l'énergie physique avec la respiration, la concentration et l’équilibre. Ce n’est pas juste une suite de mouvement. Beaucoup de gens pensent que le Tai Chi est une sorte de gymnastique pour les vieux, alors que ce n’est ni de la gymnastique, ni pour les vieux. Quand tu comprends ce qu’il y a derrière, tu te rends compte que ça n’est pas de la gymnastique, c’est beaucoup plus profond, c’est au-delà des apparences, ça n’est pas aussi simple que ça en a l’air. La difficulté de « ce qui se passe derrière », on la retrouve dans le yoga. Et je retrouve tout ça dans l’Ashtanga Vinyasa Yoga. Par rapport au Tai Chi au première abord, on a une

mobilisation du corps qui est beaucoup plus complète, du coup, on a des effets qui sont plus vite ressenti, mais c’est aussi le piège. Au Tai Chi, tu n’as pas des postures ou tu es assis ou couché, ça reste des postures debout en mouvement. Les postures et les mouvements au Yoga sont plus amples, et du coup la respiration se met beaucoup naturellement dans un mouvement de flexion ou d’extension, alors que dans le Tai Chi, il y a parfois des mouvements plus subtils, où il faut vraiment comprendre qu’elle est l’intention derrière. Pas que le yoga ne soit pas subtil, mais ma pratique du Tai Chi m’a permis d’aller plus directement comprendre les aspects subtils et internes du yoga.



3. Quelles ont été les difficultés que tu as rencontrées au début de la pratique ?


Une des premières difficultés, c’était la respiration : j’étais rapidement à bout de souffle, à beaucoup transpirer... ça me faisait du bien d’avoir une activité physique, mais je n’arrivais pas à trouver le calme. Le calme nécessaire, mais c’est venu plus tard. L’autre difficulté était liée à ma rigidité physique. C’était certain que je ne pourrais pas faire ce que certains font au niveau postural, mais ça n’est pas facile à accepter, et d’accepter de pratiquer « avec ce que j’ai ». Mais je pense que c’est là que le travail se fait : Il me faut parfois plusieurs inspire-expire pour rentrer dans une posture, une fois que j’y suis, je sens tout le potentiel de travail qu’il y a derrière et du coup, je prends beaucoup plus de temps dans l’enchaînement que certains. Quand je rentre dans une contre posture, c’est extrêmement difficile. Mais voilà, ce sont les règles du jeu, et l’effet est quand même là, même si on ne va pas aussi loin que d’autres dans les aspects externes de la posture. Un autre point intéressant, c’est la difficulté de rester concentré et présent, quand on se compare aux autres, ou quand le regard se perd par la fenêtre. D’ailleurs, je me mets souvent en retrait de la fenêtre pour ne pas me faire prendre par ce qui se passe dehors, pour ne pas perdre cette présence que m’offre la pratique. Ça fait partie du jeu de se rendre compte qu’on est parti puis de revenir, c’est déjà un pas de de s’en apercevoir. Ça fait partie des difficultés de ne pas se faire distraire par les choses externes.


4. Est-ce que la pratique du yoga produit des changements physiques et mentaux dans ta vie ?


La pratique a des bienfaits physiques, que ce soit en lien avec mes blessures, mais aussi sur la digestion. Elle a aussi des bienfaits pour l’esprit, avec le travail de concentration. Cette complémentarité du travail du corps et de l’esprit, c’est une façon intéressante d’explorer ce qui se passe, de comprendre ce que le corps manifeste, et de se rendre compte quand l’esprit part ailleurs et puis revient. Il y a parfois des petits moments magiques où les deux fonctionnent bien, le corps et l’esprit sont en phase. Dans l’ensemble, je considère ça comme une discipline qui est très bénéfique, pour moi ça fait partie de mon hygiène de vie pour le corps comme pour le mental. Je pratique avant d’aller au travail, et je sens avoir fait quelque chose de bénéfique, j’ai un sentiment de bien-être et de satisfaction, c’est beaucoup plus agréable aussi de partir travailler dans ces conditions. Là, il y a une motivation, une énergie qui est bien stimulée. Il y a des changements que je peux avoir au niveau de ma blessure au genou. C’est aussi autour de ça que je travaille, de trouver un chemin, d’en prendre soin même si c’est difficile. La pratique a un effet bénéfique sur les douleurs que je peux ressentir sur le genou. Et c’est là où je comprends tout à coup certains aspects de la pratique. C’est aussi une manière d’avancer.


5. Dans ta pratique personnelle des asanas ou pranayama, sur quoi es-tu particulièrement concentré ?


Pour les asanas, je me concentre sur la respiration, je rentre dans la posture, et parfois, il me faut revenir un peu en arrière pour m’apercevoir que c’est là que j’ai l’espace, à la fois pour respirer et me trouver avec le bon équilibre physiquement, c’est un travail d’ouverture, c’est vraiment dans cet espace-là que j’essaie de travailler. Evidement la respiration m’aide beaucoup à faire de la place. Pour être bien à l’écoute et avoir une pleine présence dans le corps, pour laisser le corps s’exprimer et dire si ça va bien ou si c’est trop, ça demande beaucoup de temps. Il y a des matins ou c’est plus facile que d’autres. Désormais, j’ai intégré environ 20 minutes d’exercices de pranayama avant la pratique des asanas, et c’est vraiment bénéfique. Pour le pranayama, je n’ai pas encore de recul, j’essaie d’être dans de bonnes dispositions d’assise, de posture. Je ressens des bénéfices en général quand j’ai un rythme, une cadence qui me semble juste. De commencer doucement et de monter progressivement en intensité, c’est un peu comme si tu souffles sur un feu, tu ne peux pas souffler fort tout de suite, ça ne sert à rien, parce qu’il faut que ça prenne, quand tu sens que ça prend, tu peux intensifier et le feu peu commencer à monter, c’est ce sentiment que j’essaie d’avoir. Mais je suis très content d’être venu à ces matins de jours de lune pour les pranayamas. Et maintenant je peux dire que ce qu’on fait ces jours de lune me sert dans la pratique des asanas du Mysore. De faire environ 20 minutes avant la pratique ça me met dans de bonnes dispositions. Auparavant, je faisais uniquement le chant d’ouverture, qui diffuse une vibration qui aide à revenir à soi, à préparer son espace de pratique et à être plus présent. Maintenant, avec le pranayama, ça me permet une plus grande ouverture.


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