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Partie II: Un bon professeur de yoga peut guider les pratiquants dans leur cheminement vers la découverte

  • flowerchen77
  • il y a 4 jours
  • 5 min de lecture

La pratique du yoga est essentiellement une pratique d'introspection.  Le Yoga Asana et le Pranayama peuvent nous aider à découvrir certaines choses sur nous-mêmes, mais malheureusement, nous ne pouvons pas toujours nous fier à nos propres perceptions. Notre façon habituelle de voir les choses nous empêche de les considérer différemment d'une expérience à l'autre ; notre façon habituelle de voir les choses limite notre compréhension de nous-mêmes. Comme la perception d'un professeur n'est pas limitée par notre conditionnement unique, il ou elle peut souvent voir les capacités qui sont cachées en nous.

Ce type d'investigation nécessite un enseignant capable de guider les élèves dans leur voyage de découverte. Si un enseignant n'est pas en mesure de le faire, les élèves risquent non seulement de mal comprendre le yoga, mais aussi de se décourager.


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L'art du yoga consiste à voir la personne dans son ensemble, à évaluer ses besoins et à appliquer le yoga de la manière qui lui convient le mieux.


L'un des principes les plus importants que nous (la famille AG Mohan) avons appris de Sri Krishnamacharya est que la pratique du yoga doit être adaptée à la personne qui la reçoit. L'enseignement est destiné à ceux qui sont enseignés : chaque personne a un objectif, et c'est sur cette base que nous décidons quelle pratique de yoga lui convient le mieux.



La personne : qui ?


C'est la considération la plus importante, et la plus souvent oubliée ! « Qui est l'élève ? » Chaque élève est unique, avec ses qualités personnelles et un point de départ particulier. En yoga, l'enseignement des méthodes et des techniques doit être adapté à l'élève et non l'inverse. Nous ne devons pas décider à l'avance d'une pratique et ensuite forcer l'élève à s'y conformer.


Un bon professeur apprendra à connaître l'histoire de l'élève. Il est important de savoir, par exemple, si un élève a des antécédents de douleurs thoraciques, de bronchite ou de maux de tête chroniques avant de lui enseigner une technique de respiration. De plus, le professeur devra observer si l'élève possède les conditions préalables nécessaires à la pratique du pranayama : une bonne posture, une colonne vertébrale droite et un abdomen engagé. Une fois que le professeur connaît les antécédents et l'état actuel de l'élève, il peut concevoir la séquence correcte d'étapes ordonnées (vinyasa krama) pour apprendre une inspiration ou une expiration idéale. Il se peut qu'avant d'aborder directement la respiration, l'élève doive travailler sa posture et son abdomen. Quelles que soient les circonstances, une adaptation appropriée est essentielle. L'élève apprécie ainsi et tire profit du principe inhérent à chaque posture particulière.


Le but : pourquoi ?


La pratique du yoga peut avoir un ou plusieurs objectifs, notamment : se libérer d'une maladie (thérapeutique), améliorer sa condition physique (préventif et pour le bien-être) ou rechercher la paix intérieure (transformation). Tant que le but ultime est de réduire la souffrance, tous ces objectifs sont des résultats significatifs du yoga traditionnel.


La pratique : quoi ?


Comme il n'y a pas deux corps identiques, deux corps ne peuvent pas adopter des postures identiques. Idéalement, un professeur devrait adapter chaque posture et chaque routine d'asanas aux besoins de l'élève. Dans l'Antiquité, les professeurs de yoga entretenaient des relations individuelles avec leurs élèves, ce qui impliquait une responsabilité sacrée : veiller à ce que l'élève progresse sans risque à long terme de dommages physiques ou émotionnels.  Ces professeurs définissaient leur rôle non seulement comme celui d'enseigner (sikshana), mais aussi comme celui de protéger (rakshana) l'élève.


Fondamentalement, sikshana correspond aux « choses à faire » et rakshana aux « choses à ne pas faire » dans la pratique des asanas.  Un bon enseignant doit maintenir un équilibre délicat entre ces deux tâches d'enseignement et de protection. Un enseignant trop soucieux de protéger son élève risque de l'empêcher d'accomplir suffisamment de progrès ; à l'inverse, un enseignant trop déterminé à atteindre un objectif peut causer du tort à son élève. Ainsi, tout comme l'équilibre entre sthira(bien engagé) et sukha(confortable) est idéal, l'équilibre entre sikshana et rakshana l'est également.


Citation de AG Mohan.



L'enseignant doit méditer sur l'élève afin de découvrir ses qualités et de trouver  le meilleur moyen d'éliminer les obstacles qui empêchent leur développement.  Le bien-être de l'élève doit être la préoccupation première, avant toute autre considération, et si l'enseignant ne dispose pas des ressources nécessaires, il doit lui conseiller d'aller ailleurs afin de tirer le meilleur parti des dons que Dieu lui a accordés.  Cela implique d'être ouvert, humble et réaliste.


L'observation est l'une des principales exigences de l'enseignement. Si un enseignant se contente de transmettre des informations techniques sans observer les personnes qui les reçoivent, il passera à côté du véritable objectif. Même dans une situation de groupe, l'enseignant doit essayer d'apprécier chaque individu, car il partage plus qu'un simple savoir-faire technique.  L'enseignement devrait être comme la méditation, où l'enseignant se concentre sur l'élève. Cela aide l'enseignant à comprendre comment présenter les choses à la personne. Chaque aspect doit être observé et respecté.


Citation tirée du livre : « What Are We Seeking? » par TKV Desikachar et Martyn Neal.


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Encouragez les élèves à être autonomes.


L’étudiant ne doit pas attendre que tout lui soit dit. Il est essentiel qu’il développe sa propre capacité à observer, ressentir, et se remettre en question. L’un des rôles importants du professeur de yoga est justement de lui offrir cet espace de liberté. Corriger l’élève en permanence ne lui rend pas service : même si ses actions ne sont pas tout à fait justes, il est souvent plus bénéfique de le laisser expérimenter sa condition du moment. C’est ce processus intérieur qui permet à la compréhension de mûrir en profondeur. Le non-ajustement peut alors devenir, en soi, un véritable ajustement.


La forme, quant à elle, n’est pas une fin en soi. Trop souvent, l’élève comme l’enseignant se focalisent sur la forme extérieure comme indicateur de progression. Si l’on demande à un élève de décrire ses avancées, il évoquera fréquemment sa capacité à exécuter certaines postures ou à enchaîner des séquences – autrement dit, à passer d’un point A à un point B. À ce moment-là, il devient nécessaire de réorienter la pratique vers son véritable but : lever le voile de l’illusion. La question centrale demeure toujours : pratique-t-on des postures, ou pratique-t-on le yoga ?


Les pratiquants de postures ont souvent une compréhension assez large de ce que le corps peut faire, mais une perception bien plus limitée de ce que le corps est réellement.


Une pratique trop centrée sur la technique risque d’enfermer l’étudiant dans l’activité mentale, le coupant de l’espace intérieur qui, pourtant, est la véritable porte vers l’émancipation.


C’est là un aspect fondamental qui distingue profondément celui qui guide des mouvements et des formes, du véritable professeur de yoga. Ce dernier voit au-delà de l’apparence extérieure : il crée les conditions pour que l’étudiant vive une véritable expérience, une rencontre avec lui-même, parfois même une confrontation avec l’ensemble de son être.



« Dans la relation élève-enseignant, la balle est-elle dans le camp des enseignants ?  L'élève doit également assumer la responsabilité de son apprentissage, en tant qu'adulte. » – T.K.V Desikachar

 
 
 
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